A la recherche de la vérité, en collaboration avec l'invisible.

L'aurore se lève

 

Partout à l'horizon, de haut en bas, de bas en haut, les signes se multiplient. Des avertissements sont donnés, les leçons aux humains ne sont pas épargnées.

 

Qui s'arrête à méditer ? Lancé sur la route comme un bolide, ne prenant ni le temps de regarder sur sa tête, ni à ses pieds le précipice ouvert où beaucoup tombent. Les plus sages vont moins vite, ils prennent, eux, le temps de songer à Dieu, à l'avenir des âmes, aux renaissances successives de l'esprit. Le sage médite et prie...

 

Quelle leçon pour ces affamés de bruit, de vitesse, de jouissance ! Quand ils sont près du précipice, il leur est demandé : "avez-vous pensé à l'avenir ?" le patient répond :" Oui. J'ai beaucoup épargné ou je me suis beaucoup amusé, j'ai goûté à tous les plaisirs que la richesse peut donner, je me suis repu de tout, j'ai mangé et bu jusqu'à satiété. De quelle autre vie me parlez-vous, pauvre insensé, laissez ces chimères et ne pensez plus qu'à la vérité : vivre, jouir de tout ce qui est mis à notre portée; pour le reste j'en doute... Une autre vie, pour moi je ne puis me la représenter. Il ne faut donc croire aux réalités mises sous nos yeux. pour le reste, je vous l'abandonne, nourrissez-vous en si vous croyez vraiment à un Dieu : moi, je ne crois qu'au néant."

 

La fin d'un incroyant pour ce dernier, la voici : délivré de son vieux vêtement, il arrive à la barrière, nu, les mains vides, un peu inquiet, voulant passer outre malgré les ordres réitérés. Il se voit rejeté par une force inconnue, à son grand étonnement, et il se dit :" Que veut dire ceci ? je me vois forcé de croire à une autre vie, la façon dont je suis traité me le prouve sans aucun doute : je me suis trompé de route." L'inquiétude commence à le tirailler, il voudrait sortir de l'isolement complet, il veut user des moyens d'autrefois : plus de voix, il est aphone lui semble t'il. Où sont ils les serviteurs nombreux qui s'empressaient, épiant ses moindres désirs ? où sont ils les riches palais, les somptueux hôtels ? Plus de flatteurs, plus de richesse, seul et nu il est. Qui se souvient de lui ? il a marché la tête dans les nuages, les pieds à peine sur la terre, l'orgueilleux est puni jusqu'au jour où comprenant sa détresse, il sent s'éveiller en lui le désir de voir sa solitude se peupler, d'entendre le moindre bruit. A ses appels réitérés, rien n'a répondu et voilà le riche, l'orgueilleux, celui qui fut comblé de tout et qui oublia de se pencher sur la détresse de ses frères moins fortunés que lui. Le superbe se souvient qu'il y avait quelque part une Force cachée, un Dieu inconnu; à genoux il tombe, levant ses mains tremblantes vers cette Force immanée dont il sent l'effet, il s'écrie avec des larmes :" O Toi, Créateur de tout ce que j'ai vu, de tout ce que j'ignore ou de ce qui m'a échappé, je te prie, je te supplie, fait cesser l'état dans lequel je suis. Je suis pauvre maintenant, aie pitié, je me repens, j'ai péché."

 

Et sur cet être, infime vermisseau, atome parmi les atomes, la Force inconnue se penche et lui dit :" Tu es pardonné; quel que soit ton péché, quel que soit ton crime, nul parmi les hommes ne possède le droit de te juger, moi seul, ton Dieu, pèse dans les balances de ma justice tout ce que tu as fait. Tu as été pourvu de richesses, de plaisirs, tu as été comblé de tout; regarde la terre et vois la pauvreté, retourne peiner parmi ceux que tu as scandalisés. Espère et prie et vois en tous les hommes la fraternité."

 

                                                                                                        L’œil de Dieu

 

                                                                                                (Message du 31 Mai 1929)